HENRI V – Lettre autographe signée – Projet politique, Monarchie et Empire Napoléon III - 1852
HENRI V, Henri d’Artois (1820-1883), duc de Bordeaux puis comte de Chambord, petit fils du Roi Charles X, prétendant légitime au trône de France et de Navarre, devant son cousin le comte de Paris, Philippe d'Orléans, chef de file des orléanistes.
Manuscrit / lettre autographe signée, Venise, 27 avril 1852. 4 pages ½ in-4. Important document politique suite au coup d’Etat de Napoléon III, par laquelle Henri V voit s’éloigner son objectif politique de restauration de la monarchie. Il y déclare son amour de la France, sa confiance dans la Monarchie et demande courage et force à ses partisans pour le salut de la Patrie.
« Depuis les événements du mois de décembre dernier, j'ai fait connaître plusieurs fois à mes amis quels étaient mes sentiments, mes vœux et mes désirs. Mais en présence du langage tenu récemment par le chef du gouvernement actuel et des tendances qui se manifestent de plus en plus, j'éprouve le besoin d'adresser de nouveau la parole à tous ceux qui sont restés jusqu'ici et qui veulent rester toujours fidèle au principe dont je suis le représentant, principe qui peut seul assurer à la France son repos, son bonheur et ses libertés. […]
Le premier devoir des royalistes, c’est de ne faire aucun acte, de ne prendre aucun engagement qui soit en opposition avec leur foi politique. Fermement convaincus que le salut de la Patrie est attaché au rétablissement de la monarchie légitime, ils doivent avant tout s’appliquer à conserver intacts les principes qui en sont la base.[…] Lors même que les royalistes se verraient forcés par des motifs de conscience, d’honneur et de loyauté de renoncer à toutes fonctions publiques, il ne leur resterait pas moins des devoirs et de grands devoirs à remplir envers la France et la société. […] Ils peuvent aussi, ils doivent même, aider le Gouvernement dans la lutte qu’il soutient contre les doctrines anarchiques et socialistes. Et si de nouvelles crises venaient malheureusement à éclater, ils devraient encore, ainsi qu’ils l’ont déjà fait, se montrer les plus zélés, les plus courageux défenseurs de l’ordre social.
Tout porte à croire que l’on tentera bientôt de faire subir un changement considérable à la forme du Gouvernement, les hommes monarchiques ne s’opposeront pas par la violence à cette expérience nouvelle ; car à mon exemple, ils ne voudront jamais rien faire qui puisse troubler le repos du pays. Mais ce sera une obligation rigoureuse pour eux, de protester formellement et par tous les moyens pacifiques qui seront à leurs dispositions, contre un changement qui ne peut avoir que des conséquences fatales, en compromettant les destinées de la France, et en l’exposant encore une fois à des catastrophes et des périls, dont la monarchie légitime a pu seule la préserver.
Je répéterai ici ce que j'ai souvent dit à mes amis : soyez inébranlables sur les principes, mais en même temps soyez calmes, patients et toujours modérés et conciliants pour les personnes. Que vos rangs, que vos cœurs comme le mien restent constamment ouverts à tous […] Accueillons aussi avec empressement, avec cordialité, tous les hommes des autres opinions qui se rapprochent de nous tous les jours […].
C’est en présentant à la France le rassurant spectacle de l’union intime de toutes les forces monarchiques, que nous l’amènerons à renoncer enfin à tant d’essais infructueux et à reconnaitre elle-même où est son meilleur et son plus sûr avenir. Nous sommes tous dans un temps d’épreuves et de sacrifices, et mes amis n’oublieront pas que c’est de l’exil que je fais ce nouvel appel à leur constance et à leur dévouement. Des jours plus heureux lèveront sur la France et sur nous : j’en ai la pleine confiance. C’est dans mon ardent amour pour mon pays, c’est dans l’espérance de le revoir, de pouvoir le servir, que je puise les forces, le courage qui me sont nécessaires, pour accomplir les grands devoirs qui m’ont été imposés par la Providence […] ».
Bon état – envoi par courrier recommandé
Voir plus