ETIENNE-ALEXANDRE BERNIER
Evêque d'Orléans 1762-1806
Par Jean LEFLON
Editions Librairie PLON, 1938
COMPLET EN 2 VOLUMES
Format Grand-IN-8, brochés, 320 pages + 410 pages.
ILLUSTRE D'UN PORTRAIT EN FRONTISPICE
EDITION ORIGINALE SUR PAPIER D'ALFA.
AVEC UN ENVOI DEDICACE DE L'AUTEUR
Étienne-Alexandre Jean-Baptiste Marie Bernier, est né le 31 octobre 1762 à Daon (Anjou, aujourd'hui en Mayenne) et mort le 1er octobre 1806 à Paris, prêtre catholique français, il fut un chef vendéen aux côtés de Stofflet, puis rallié à Napoléon il devint un des négociateurs du Concordat et fut nommé évêque d'Orléans par le Premier Consul.
Après avoir fait ses études au collège d'Angers, il embrassa l'état ecclésiastique, et devint, encore assez jeune, curé de la paroisse de Saint-Laud à Angers. Quand la Révolution française arriva, il ne voulut point prêter le serment exigé par la constitution civile du clergé, et parvint cependant, ainsi que beaucoup de prêtres des diocèses de l'Ouest de la France, à éviter la déportation, prononcée à la fin de 1792 contre les ecclésiastiques insermentés.
Dès que la guerre de la Vendée eut éclaté au mois de mars 1793, il se rendit à l'armée d'Anjou, où il était précédé par quelque réputation concernant son zèle et sa capacité. Lorsqu'après leurs premiers succès, les Vendéens formèrent un conseil supérieur (Conseil supérieur des armées vendéennes pour établir dans le pays révolté une apparence d'ordre et d'administration, Bernier fit partie de ce conseil. Gabriel Guyot de Folleville perdit toute son influence, et l'abbé Bernier devint l' apôtre de la Vendée.
L'abbé Bernier acquit bientôt un ascendant universel sur l'armée catholique et royale. Il donnait de bons conseils aux généraux, et savait se prêter à l'esprit militaire sans trop déroger à son caractère ecclésiastique.
Quand l'abbé Bernier fut devenu de la sorte un des premiers personnages de l'armée, on commença à entrevoir un but d'ambition dans toute sa conduite ; on s'aperçut combien il cherchait à rendre absolue et à perpétuer la domination qu'il avait acquise. On découvrit qu'il semait la discorde partout, flattant les uns aux dépens des autres, pour gouverner plus sûrement. Souvent les généraux furent obligés de réprimer les prétentions du conseil supérieur, qui cherchait à s'ériger en gouvernement. Le respect qu'on avait pour l'abbé Bernier allait toujours en s'affaiblissant.
Bientôt les désastres de l'armée firent trêve à tout projet d'ambition ; elle fut chassée au-delà de la Loire. Au milieu de ces circonstances, l'abbé Bernier montra toujours beaucoup de constance et de fermeté. Sans cesse il employa tous ses efforts pour ranimer le courage des soldats ; cependant, après la défaite de Granville, il fut accusé d'avoir voulu, avec le prince de Talmont, quitter l'armée et passer en Angleterre ; et, bien qu'on puisse hésiter à lui supposer ce projet, les chefs vendéens en demeurèrent la plupart persuadés.
Lorsque la déroute de Savenay eut tout à fait dispersé l'armée fugitive, l'abbé Bernier demeura caché en Bretagne. Il ne perdit pas courage, il composait des sermons, il essayait d'émouvoir les paysans, de soulever le pays ; mais voyant qu'il ne réussissait pas, il traversa périlleusement la Loire, revint en Poitou, et arriva à l'armée de Charette, d'où il passa bientôt dans l'armée d'Anjou que commandait Stofflet. Ce fut le lendemain de son arrivée que Marigny fut exécuté par les ordres de Stofflet. Cette mort fut généralement attribuée à l'influence du curé de Saint-Laud.
À partir de ce moment, l'abbé Bernier devint le vrai chef de l'armée d'Anjou ; Stofflet ne se conduisait que par ses conseils les proclamations étaient rédigées par l'abbé Bernier ; c'était lui qui correspondait avec les émigrés et les puissances étrangères ; il n'avait même pas besoin d'employer l'adresse pour dominer ; car Stofflet, insolent vis-à-vis de tout autre, était humble envers lui. Lorsque les chefs vendéens crurent à propos de conclure avec les républicains une paix qui ne pouvait être ni longue ni sincère, ce fut l'abbé Bernier qui négocia, qui discuta les conditions.
Lorsque Charette reprit les armes et rompit la paix, Stofflet affecta au contraire d'y paraître fidèle ; le général Hoche eut même une conférence avec lui ; l'abbé Bernier porta la parole, et sut si bien captiver le général républicain, que celui-ci proposa au gouvernement d'employer Stofflet et le curé de Saint-Laud à pacifier le pays. Cependant, au bout de quelques mois, les promesses des princes de la maison de Bourbon et de l'Angleterre, les instances des émigrés, et plus encore la crainte d'être dupe de la politique du général Hoche, déterminèrent l'abbé Bernier à ranimer la guerre en Anjou ; elle ne fut pas longue : les mesures étaient si bien prises, que Stofflet ne put pas même rassembler son armée ; et bientôt il erra en fugitif, ainsi que le curé de Saint-Laud, qu'on recherchait avec plus d'empressement encore.
Le 25 février 1796, l'abbé Bernier fit dire à Stofflet de venir le trouver dans une métairie où il était caché. Pendant le message, il apprend que cette retraite était peu sûre : il la quitte. Stofflet arrive ; et comme le curé de Saint-Laud, ne songeant qu'à sa propre sûreté, ne lui avait fait donner aucun avis, il passe la nuit dans cet asile. On investit la maison, croyant s'emparer de l'abbé Bernier ; et l'on prend Stofflet, qui, peu de jours après, fut envoyé au supplice. Les Vendéens attribuèrent ce malheur à l'abbé Bernier : cependant il conserva son influence sur les chefs, et on le vit presque aussi puissant auprès de d'Autichamp qu'auprès de Stofflet, son prédécesseur ; ce fut même à ce moment qu'il fut nommé agent général des armées catholiques près les puissances étrangères.
Il refusa de se rendre à Londres, et continua à soutenir son parti, cherchant dans ses lettres à faire illusion aux princes et aux Anglais sur la faiblesse de ces débris qu'aucun secours ne pouvait ranimer. Enfin il désespéra de sa cause ; il demanda au général Hoche un passeport pour se rendre en Suisse : on le lui accorda mais il avait voulu seulement faire semblant de quitter le pays ; il y resta caché. Il entretenait plusieurs correspondances au-dedans et au-dehors ; faisait sans cesse des plans d'insurrection ; tantôt cherchant à mettre à la tête du parti des hommes inférieurs par leur position et leur caractère et qu'il eût pu gouverner, tantôt essayant de se rapprocher des chefs plus considérables ; mais son influence était usée ; il n'inspirait aucune confiance : on reprit les armes et il ne put jouer aucun rôle.
Peu de temps après, Napoléon Bonaparte, ayant pris en main les rênes de l'État, s'occupa de soumettre et de pacifier la Vendée. L'abbé Bernier saisit sur le champ cette occasion de devenir un grand personnage. Pendant que les chefs vendéens hésitaient encore dans la conduite qu'ils devaient tenir, le curé de Saint-Laud s'établit auprès du gouvernement consulaire comme le représentant des Vendéens ; il parvint à donner de son importance et de son pouvoir dans les départements de l'Ouest une idée assez exagérée ; on écoutait ses conseils, on lui demandait des renseignements.
Cependant on s'aperçut assez vite que, s'il était utile, il était loin d'être nécessaire. En même temps il s'en fallait de beaucoup qu'il produisît à Paris un effet proportionné à sa renommée. Il eut à prêcher, le jour anniversaire du 2 septembre, à l'église des Carmes de la rue de Vaugirard. L'abbé Bernier fut trouvé froid et affecté.
Cependant le Premier Consul le désigna pour être un des plénipotentiaires chargés de traiter du Concordat de 1801 avec l'envoyé du pape. Cette négociation, que Bernier ne dirigea point, mais où il montra un esprit très conciliant, aurait pu le placer au premier rang du clergé que le retour de la religion allait ramener en France. Il fut seulement fait évêque d'Orléans.
Le 9 avril 1802, il fut pourvu du diocèse d'Orléans, institué canoniquement le 10 et sacré le 11 avril 1802 par S.É. Giovanni Caprara Montecuccoli assisté de Mgrs Michel-François de Couët du Vivier de Lorry (évêque de La Rochelle) et Jean-Baptiste-Marie de Maillé de La Tour-Landry (évêque de Rennes).
Lorsque le pape vint à Paris en 1804, on crut démêler que l'évêque d'Orléans cherchait à s'établir avec le Saint-père dans des relations intimes, et à gagner sa faveur sans la devoir à aucune protection.
En 1806, il revint à Paris, où il n'était point venu depuis plus de deux ans, tandis qu'auparavant ses voyages étaient fréquents ; il y tomba malade et mourut d'une fièvre bilieuse, le 1er octobre.
Il est inhumé dans le petit cimetière du Calvaire de Montmartre où sa pierre tombale, totalement anonyme, existe toujours. Son cœur a été ramené à Orléans et inhumé dans la 6e chapelle Sud de la Cathédrale Sainte-Croix.
UN DES PERSONNAGES LES PLUS MYSTERIEUX DE LA GUERRE DE VENDEE RALLIE ENSUITE A BONAPARTE ET NEGOCIATEUR DU CONCORDAT.