Mailly-Raineval est un village à une vingtaine de km au sud-est
d’Amiens et sur le plateau et un peu en retrait de la rive
gauche de l’Avre, un affluent de rive gauche de la Somme. Il
a été au cœur des combats au printemps et pendant l’été
1918.
Le 31 mars 1918 l’armée allemande lance une offensive en
direction de ce village et du plateau en rive gauche de
l’Avre et prend le village le 5 avril. Le lendemain 6 avril
les combats continuent aux abords du village. Le 18 avril une
offensive française arrive jusqu’à ses confins. Les combats
d’artillerie sont très violents dans ce secteur les 12 et 13
mai. A partir du 12 juillet l’armée française lance une
offensive et Mailly-Raineval est repris le 13 avec l’appui
des chars britanniques.
Pendant ces mois d’offensives et de contre offensives, les
villages du plateau à l’ouest de l’Avre théâtres de ces
combats, ont été pratiquement tous rasés par l’artillerie, ce
que montrent très bien les photographies aériennes.
Les deux clichés du 22 avril montrent un village dont les maisons
sont pour une bonne part encore conservées alors que sur les
clichés de juillet le village est pratiquement rasé.
Ces photographies aériennes appartiennent à un ensemble de 160
clichés de taille variable (entre 9 x 12 cm et 17 x 23 cm) et qui
viennent des archives personnelles d’un colonel, Saint-Cyrien
de la promotion Cronstadt 1890-1892, ancien élève de l’école
de guerre en 1901-1903, officier topographe pendant la première
guerre mondiale.
Tous ces clichés sont collés sur 37 feuilles de 45 x 30 cm
d’un papier fort et de couleur marron, détachées d’un
ou de plusieurs albums de format à l’italienne. Sur chacune
de ces feuilles sont collés deux à huit clichés, le plus souvent au
recto et au verso, seulement d’un seul côté quand il
s’agit de deux clichés. Chaque feuille porte des clichés du
même secteur d’opération, parfois pris à des dates légèrement
différentes.
Quatre clichés datent de 1916, 32 de 1917, tous les autres
d’avril-août 1918. Ce sont avant tout des vues aériennes
montrant les lignes et les tranchées, notamment dans la Somme,
Verdun et le chemin des Dames. Une dizaine montre des scènes de vie
des troupes, notamment d’artilleurs.
Les vues aériennes ont été prises par des aviateurs rattachés aux
9e et 10e corps d’armée et pour
certains par l’escadrille C 42 constituée le 22 mars 1915 et
qui a été ensuite appelée Spa 42 en octobre 1917 puis SPAbi 42 en
octobre 1918 et a été dissoute le 10 juillet 1919 (sur cette unité
voir
https://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille042.htm).
Le secteur situé entre Amiens au nord et Montdidier au sud va être
en 1918 le théâtre d’affrontements violents. C’est ici
que se déroulera la seconde bataille de la Somme qui sera, 21 mars
au 18 juillet 1918, l’ultime offensive allemande de la
guerre.
Conscient qu’il leur fallait rapidement anéantir les alliés
avant que les Etats-Unis ne déploient des troupes importantes en
France et libérés à l’Est par le traité de Brest-Litovsk
signé le 3 mars 1918 avec la Russie révolutionnaire, les Allemands
décident de lancer une grosse offensive à l’ouest. Quatre
opérations sont mises au point, la plus importante étant
l’opération Michael destinée à percer les lignes anglaises de
la Somme à la Manche.
Le 21 mars, les Allemands, qui visent Amiens, tentent de franchir
les lignes des alliés en attaquant à la charnière entre Anglais et
Français à Villers-Bretonneux. La défense britannique
s’effondre, laissant les Allemands progresser rapidement de
plus de 50 km. Plus de 160 000 Britanniques sont mis hors de
combat.
Le 26 mars, la conférence de Doullens (Somme) créée un commandement
unique, confié à Foch et le 28 mars les Alliés stoppent
l’avancée allemande.
L’armée allemande lance à partir du 31 mars des
offensives un peu plus au sud en direction de Mailly-Raineval,
Hangard ou Grivesmes. Il s’agit d’enfoncer ce front
allié qui longe la voie de chemin de fer Paris-Amiens, vitale pour
la liaison entre les armées anglaises et britanniques. Ce secteur
de combat, sur le plateau à l’ouest de l’Avre, est
marqué par la présence de bois qui vont être le théâtre
d’affrontements violents.
Les Allemands attaquent le 4 avril avec un gros effectif et
sur un front de 15 km entre Cantigny et Hangard. Mailly-Raineval
est perdu le 5. Morisel, Castel, le bois de l'Arrière Cour sont
pris. Mais dès le 5 et après de durs combats, notamment à la ferme
Adelpare, à Bucquoy, Hangard et au bois de Sénécat, cette poussée
allemande sur les hauteurs de la rive gauche de l’Avre est
arrêtée au bois de Senécat, en face de Rouvrel. Grivesmes reste aux
mains des Français. Le 6 avril, les Allemands sont repoussés du
bois de l'Arrière-Cour, à l'ouest de Mailly-Raineval. Au sud-est de
Grivesnes, une contre attaque, emporte la ferme de Saint-Aignan et
plus au sud la majeure partie du bois de l'Epinette près
d'Orvilliers-Sorel et du terrain près de Mailly-Raineval et de
Cantigny.
Le 7 avril, Foch installe son quartier général à Sarcus. A ce
moment, à l'ouest de Moreuil, du bois Sénécat et du bois de
l'Arrière-Cour, les lignes allemandes sont désormais à moins de 3
kilomètres de la voie ferrée Paris-Amiens qu’il importe de
dégager.
Le 18 avril, le général Marie-Eugène Debeney (1864-1943), qui
commande la première armée française, lance une vigoureuse
offensive avec cinq régiments de cavalerie depuis Thennes, au nord
de Moreuil, jusqu'à Rouvrel, sur un front de 8 kilomètres, à cheval
sur l'Avre. La cote 63 et le bois Sénécat sont enlevés et les
troupes françaises arrivent aux lisières de Castel et de
Mailly-Raineval.
Dans la nuit du 19 au 20 avril, les Allemands tentent sans succès
un coup de main sur Hangard. Dans celle du 23 au 24 avril, un
bombardement de six heures prépare l'attaque d'une vingtaine de
divisions allemandes, qui se déclenche le 24 entre
Villers-Bretonneux et le bois Sénécat. Les efforts allemands sont
concentrés sur Hangard que les Anglais abandonnent, tandis que
Debeney conserve ses positions du bois Sénécat.
Foch lance alors une contre-offensive. Le 25 avril, les Australiens
chassent les Allemands de Villers-Bretonneux. Le 26, la Division
marocaine prend pour objectif le Monument, au sud de
Villers-Bretonneux, et la corne nord du bois de Hangard. D'autres
troupes attaquent le bois de Hangard. Le plus clair des avantages
réalisés par la grande offensive allemande du 24 avril est
annihilé.
Les combats d’artillerie sont très violents dans le secteur
de Grivesmes et de Mailly-Raineval les 12 et 13 mai. Le 12 mai une
attaque française permet un gain de terrain dans le bois au
nord-ouest d'Orvillers-Sorel. Le 27 juin un coup de main est lancé
contre Mailly-Raineval.
A partir du 12 juillet, l’armée française lance une offensive
et le 13 occupe Mailly-Raineval avec l’appui des chars
britanniques. Ceux-ci ont été engagés trois fois dans le
secteur : dans la nuit des 22-23 juin près du Bucquoy, le 4
juillet dans des combats à Hamel entre la Somme et Warfusée et en
juillet à Moreuil et Sauvillers. L’attaque vers Bucquoy est
le premier engagement de nuit de blindés en France. La bataille de
Moreuil et Sauvillers le 23 juillet est la seule de toute la guerre
où les blindés anglais coopèrent avec les troupes françaises.
L’objectif de cette offensive est d’atteindre
Saint-Ribert en contournant Mailly-Raineval par le sud et
d’installer l’artillerie française sur la rive gauche
de l’Avre. Trois divisions françaises participent à
l’opération. L’attaque est précédée d’un intense
bombardement d’artillerie. Les objectifs sont le bois des
Arrachis, les villages de Sauvillers-Mongival, la ferme
d’Adelparc, située à 500 m au nord de Sauvillers-Mongival,
l’ouvrage des Trois Bouqueteaux, le plateau au nord du Bois
de Sauvillers et l’angle sud-ouest du Bois de Harpon. Le bois
des Arrachis, Sauvillers, Aubvillers et Mailly-Raineval sont repris
le 24 juillet ou dans les jours suivants.
Le 8 août, une offensive est lancée et Moreuil, Braches, La
Neuville, Le Plessier tombent, Montdidier est débordé vers le nord,
l'Avre est largement dépassée.
Ces combats du printemps et de l’été 1918 ont été
décisifs : cet échec de la dernière grande offensive allemande
conduit directement à l’armistice signé le 11 novembre 1918 à
Rethondes.
La feuille sera expédiée sous enveloppe et sous raidisseurs
cartonnés
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